FT-CI

France

Impunité en haut, impitoyable en bas, justice nulle part !

12/09/2011

Par Romain Lamel

Depuis quelques semaines, les scandales inondent les principaux dirigeants de la classe politique. Jacques Chirac et Dominique de Villepin sont accusés d’avoir financé les campagnes électorales de 1995 et 2002 par le don de dizaines de millions de francs de la plupart des dictateurs africains (Wade au Sénégal, Mobutu au Zaïre, Compaoré au Burkina Faso, Gbagbo en Côté d’Ivoire, Nguesso au Congo-Brazzaville, Bongo au Gabon…). Ces pratiques révèlent les coulisses de la Françafrique. Depuis leur indépendance la France sous-traite sa domination sur un certain nombre de pays africains ã des dictateurs qui assurent le maintien du pillage par des firmes françaises telles que Bolloré, Total, Vinci, Bouygues…La justice avait mis dix ans ã « juger » les coupables dans le cadre de l’affaire Elf. Quelques lampistes de haut rang, comme Loïc Le Floch-Prigent, avaient écopé de quelques années de prison ferme, pour mieux protéger une société qui entre-temps a changé de nom et qui compte parmi les principales multinationales pétrolières au niveau mondial : Total. Combien de temps faudra-t-il cette fois pour diligenter une enquête ? Les deux intéressés nient les faits, pourtant le récit semble crédible, et peut-on faire confiance à la mémoire de Jacques Chirac ?

Comment l’ancien Président de la République peut-il se souvenir de ne pas avoir reçu d’argent des principaux dictateurs africains s’il ne se souvient pas de l’argent qu’il a détourné lorsqu’il était maire de Paris ? Lorsque Jacques Chirac est devenu maire de la capitale en avril 1977, la mairie de Paris comptait 17 « chargés de mission ». Vingt ans plus tard ils étaient 481. Ces emplois fictifs permettaient de rémunérer parents, amis, proches ou collaborateurs du RPR de l’époque, une autre « multinationale » de la politique bourgeoise française qui a changé de nom entre-temps et qui est aujourd’hui dirigée en sous-main par un certain Nicolas Sarkozy : l’UMP. L’enquête judiciaire montre également que le couple Chirac consommait en moyenne 600 euros par jour de dépenses alimentaires, aux frais des Parisiens. Depuis une quinzaine d’années Jacques Chirac échappe aux procès judiciaires. Il a ainsi bénéficié durant sa propre présidence de la gratitude du président du Conseil Constitutionnel, Roland Dumas, autre personnage plusieurs fois condamné. Depuis 2007, la justice peut reprendre son cours. Sauf que le maire PS de la ville de Paris, Bertrand Delanoë, a retiré sa plainte moyennant un accord financier à l’amiable. Aujourd’hui, quinze ans plus tard, le procès Chirac peut reprendre en l’absence du principal accusé et du principal plaignant ! Parodie de justice ! On ne pouvait que s’y attendre.

Le comportement passif du Parti Socialiste rappelle étrangement l’affaire Guérini. Le président du Conseil Général des Bouches-du-Rhône est accusé d’association de malfaiteurs dans le cadre d’attribution de marchés publics d’enfouissement des ordures ménagères. La réputation de Jean-Noël Guérini est sulfureuse. Par exemple, lors des dernières élections municipales, lorsque le PS avait dénoncé des fraudes électorales de l’UMP, le parti de droite avait simplement répondu que ce n’était pas leur camp qui avait le plus triché. Son savoir-faire pour briser les grèves, ã travers les rapports qu’il entretient avec la bureaucratie syndicale, ã commencer par celle de Force Ouvrière, est bien rodé. Les travailleurs et travailleuses de la région de Marseille l’ont bien constaté cet automne, au cours du mouvement des retraites, lorsqu’avec le maire de la Cité phocéenne, l’UMP Jean-Claude Gaudin, Guérini a tout fait pour casser la grève des éboueurs, un des fer-de-lance de la contestation de la réforme de Sarkozy. Jean-Noël Guérini sévit à la tête du Conseil Général depuis plus de treize ans et dirigeait également jusqu’à peu la fédération locale du PS, une des plus grosses de l’Hexagone. Les dirigeants nationaux du Parti Socialiste n’ont pourtant jamais menacé l’oligarque marseillais. Son département est un vivier de voix précieuses dans les Congrès.

Il ne faudrait cependant pas tirer de conclusions hâtives quant au laxisme de la justice française. Nos tribunaux savent condamner les « véritables délinquants ». Olivier Besancenot et dix de ses collègues postiers, tous syndicalistes combatifs, ont été condamnés ã 1 500 € d’amende avec sursis et une inscription au casier judiciaire utilisable ã tout moment par la direction pour tenter de les licencier. Leur délit ? Avoir détourné de l’argent ? Non, ils ont eu l’arrogance de s’opposer au démantèlement de la Poste comme entreprise de service public. Combien de temps a-t-il fallu à la justice pour prononcer cette peine ? Plus de dix ans comme pour les affaires citées ci-dessus ? Non. En un an, la justice a tranché contre les travailleurs. Ils subissent ainsi le même sort que les ouvriers de Continental, condamnés pour avoir refusé le plan social de leur entreprise. A travers ces condamnations, la justice de classe de l’Etat français cherche ã ce que les travailleuses et les travailleurs baissent la tête, acceptent docilement les ordres des conseils d’administration et de leurs pantins politiques.

Faible avec les forts, la justice française est forte avec les faibles. Il y a quelques siècles, Jean de la Fontaine écrivait « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Les puissants ont changé, l’injustice des jugements de cour reste la même. Au XVIIème siècle comme aujourd’hui, pour que la justice ne soit pas une machine ã blanchir les forts et ã soumettre les faibles, une bonne révolution reste ã faire….

12/09/11

Notas relacionadas

No hay comentarios a esta nota

Periodicos

  • PTS (Argentina)

  • Actualidad Nacional

    MTS (México)

  • EDITORIAL

    LTS (Venezuela)

  • DOSSIER : Leur démocratie et la nôtre

    CCR NPA (Francia)

  • ContraCorriente Nro42 Suplemento Especial

    Clase contra Clase (Estado Español)

  • Movimento Operário

    MRT (Brasil)

  • LOR-CI (Bolivia) Bolivia Liga Obrera Revolucionaria - Cuarta Internacional Palabra Obrera Abril-Mayo Año 2014 

Ante la entrega de nuestros sindicatos al gobierno

1° de Mayo

Reagrupar y defender la independencia política de los trabajadores Abril-Mayo de 2014 Por derecha y por izquierda

La proimperialista Ley Minera del MAS en la picota

    LOR-CI (Bolivia)

  • PTR (Chile) chile Partido de Trabajadores Revolucionarios Clase contra Clase 

En las recientes elecciones presidenciales, Bachelet alcanzó el 47% de los votos, y Matthei el 25%: deberán pasar a segunda vuelta. La participación electoral fue de solo el 50%. La votación de Bachelet, representa apenas el 22% del total de votantes. 

¿Pero se podrá avanzar en las reformas (cosméticas) anunciadas en su programa? Y en caso de poder hacerlo, ¿serán tales como se esperan en “la calle”? Editorial El Gobierno, el Parlamento y la calle

    PTR (Chile)

  • RIO (Alemania) RIO (Alemania) Revolutionäre Internationalistische Organisation Klasse gegen Klasse 

Nieder mit der EU des Kapitals!

Die Europäische Union präsentiert sich als Vereinigung Europas. Doch diese imperialistische Allianz hilft dem deutschen Kapital, andere Teile Europas und der Welt zu unterwerfen. MarxistInnen kämpfen für die Vereinigten Sozialistischen Staaten von Europa! 

Widerstand im Spanischen Staat 

Am 15. Mai 2011 begannen Jugendliche im Spanischen Staat, öffentliche Plätze zu besetzen. Drei Jahre später, am 22. März 2014, demonstrierten Hunderttausende in Madrid. Was hat sich in diesen drei Jahren verändert? Editorial Nieder mit der EU des Kapitals!

    RIO (Alemania)

  • Liga de la Revolución Socialista (LRS - Costa Rica) Costa Rica LRS En Clave Revolucionaria Noviembre Año 2013 N° 25 

Los cuatro años de gobierno de Laura Chinchilla han estado marcados por la retórica “nacionalista” en relación a Nicaragua: en la primera parte de su mandato prácticamente todo su “plan de gobierno” se centró en la “defensa” de la llamada Isla Calero, para posteriormente, en la etapa final de su administración, centrar su discurso en la “defensa” del conjunto de la provincia de Guanacaste que reclama el gobierno de Daniel Ortega como propia. Solo los abundantes escándalos de corrupción, relacionados con la Autopista San José-Caldera, los casos de ministros que no pagaban impuestos, así como el robo a mansalva durante los trabajos de construcción de la Trocha Fronteriza 1856 le pusieron límite a la retórica del equipo de gobierno, que claramente apostó a rivalizar con el vecino país del norte para encubrir sus negocios al amparo del Estado. martes, 19 de noviembre de 2013 Chovinismo y militarismo en Costa Rica bajo el paraguas del conflicto fronterizo con Nicaragua

    Liga de la Revolución Socialista (LRS - Costa Rica)

  • Grupo de la FT-CI (Uruguay) Uruguay Grupo de la FT-CI Estrategia Revolucionaria 

El año que termina estuvo signado por la mayor conflictividad laboral en más de 15 años. Si bien finalmente la mayoría de los grupos en la negociación salarial parecen llegar a un acuerdo (aún falta cerrar metalúrgicos y otros menos importantes), los mismos son un buen final para el gobierno, ya que, gracias a sus maniobras (y las de la burocracia sindical) pudieron encausar la discusión dentro de los marcos del tope salarial estipulado por el Poder Ejecutivo, utilizando la movilización controlada en los marcos salariales como factor de presión ante las patronales más duras que pujaban por el “0%” de aumento. Entre la lucha de clases, la represión, y las discusiones de los de arriba Construyamos una alternativa revolucionaria para los trabajadores y la juventud

    Grupo de la FT-CI (Uruguay)