Edito du 31/03/14
Gifle, claque, raclée, Valls… et nous dans tout ça ?
02/04/2014
Le second tour des élections municipales n’a fait qu’amplifier les résultats du 23 mars. Il marque un cinglant revers pour les socialistes au gouvernement. C’est aussi une avancée de la droite et une percée de l’extrême droite. Il a également été marqué par un fort taux d’abstention reflétant une certaine défiance, en particulier dans les quartiers populaires, vis-à-vis de cette « démocratie au service des riches et des copains », sans pour autant que les listes de gauche, notamment d’extrême gauche, n’en bénéficient.
Hollande et les socialistes : reniements et mauvais coups
Alors, certes, voter ã droite ou à l’extrême droite, c’est voter contre son camp. Mais on peut difficilement reprocher aux travailleur-euse-s et aux jeunes qui avaient pensé se débarrasser de Sarkozy et de sa politique en 2012 en votant Hollande de s’être détourné-e-s de la « gauche » de gouvernement lors du dernier scrutin. Depuis prés de deux ans, c’est coups sur coups que l’on prend dans la figure : Hollande a fait l’ANI, la contre-réforme des retraites, celle des rythmes scolaires, couvre celle de l’assurance chômage et s’apprête ã faire valider le pacte de Responsabilité qui va faire cadeau de 35 milliards d’euros aux patrons et rogner 50 milliards sur les services publics et le budget de l’Etat. Cerise sur le gâteau : le premier flic de France devient Premier ministre…
Une extrême droite qui exulte
Au soir du second tour, Marine Le Pen jubilait : avec une douzaine de villes et prés de 1.200 élus, le F-Haine va pouvoir essayer de démontrer qu’il est un parti de gestion aussi responsable que les autres, juste un peu plus raciste et xénophobe. Cela ne veut pas dire qu’il faille faire le « front républicain » avec la droite ou Valls pour faire barrage au FN. Mais ce score indique qu’il sera un obstacle supplémentaire pour construire l’unité de notre camp, car le FN fait son lit de la division du monde du travail entre les « Français » et les « étrangers », « les assistés » et les « vrais travailleurs ».
La droite, de son côté, laisse le Figaro titrer sur le « tsunami bleu », mais évite plutôt de fanfaronner. L’UMP et ses alliés savent que le vote de dimanche est avant tout un vote par défaut et de défiance à l’égard du gouvernement plus qu’une réelle adhésion à leur projet qui ne diffère guère du social-libéralisme de Hollande.
Mieux que la vague bleue : un gouvernement bleu CRS
Hollande, lui, va faire le choix de « changer » sur la forme, en nous proposant avec Valls un casting gouvernemental plus ou moins renouvelé et « musclé », pour essayer de garder la ligne sur le fond : le Pacte de responsabilité qu’il voudrait voir adopté dès avril, qu’il y ajoute ou non en « contrepartie » un « coup de pouce » en direction des salarié-e-s qui ne sera de toute façon pas à la hauteur de la dégradation de nos conditions de vie, de travail et de salaire depuis 2007-2008.
Sur les plateaux télé, les ténors socialistes ont essayé de se dédouaner de la responsabilité de cette défaite électorale majeure, qui disant que « ça allait trop vite », qui déclarant que « ça n’allait pas assez vite ». La question, fondamentalement, c’est que ça ne va plus du tout !
Il faut faire entendre notre voix !
Pour le dire haut et fort et faire cesser les mauvais coups qui nous tombent dessus, on ne peut ni attendre les prochaines élections européennes, ni déposer une quelconque confiance en Valls et ses ministres ni se tourner vers les meilleurs amis des patrons (la droite) ou les pires ennemis des travailleurs (le FN). La seule façon de faire entendre la voix de notre camp social, ce sera par la mobilisation, sur la durée.
Alors oui, ce n’est pas avec une seule journée d’action isolée, comme celle du 18 mars, que l’on pourra réellement construire le rapport de force, encore moins lorsque les directions syndicales y appellent du bout des lèvres tout en continuant ã participer ã tous les cadres de dialogue possibles et en se gardant de mettre en avant l’opposition au Pacte de responsabilité qui pourrait unifier tout notre camp, travailleur-euse-s du privé, du public et la jeunesse.
Ce n’est pas pour cela qu’il faut délaisser les dates de mobilisation. La prochaine en vue, c’est le samedi 12 avril, pour dire aux côtés de toutes les forces de gauche qui ne sont pas au gouvernement, les organisations ouvrières et les syndicats, notre rejet de la politique du gouvernement, de la droite et de l’extrême droite. Plus un pôle ouvrier, indépendant, combatif et lutte de classe sera fort dans la mobilisation, plus il sera possible à la base d’imposer aux Lepaon, aux Mailly et autres dirigeants tiédards qu’il faut rompre tout cadre de négociation avec le gouvernement et le patronat et organiser sérieusement un calendrier de mobilisations pour faire remballer ã Hollande et Valls leurs politiques d’austérité et leurs cars de flics !
31/03/14