Entre « transparence » et « dissimulation »
L’art de la pirouette fiscale chez les hommes qui nous gouvernent
19/10/2014
Le 15 avril 2013 avait été le jour J de la « transparence ». C’est en effet ã cette date que les différents ministres de Hollande, Jean-Marc Ayrault en tête, se sont livrés, sous la contrainte, au douloureux exercice de la publication de leur patrimoine. Par exemple : 1,05 millions d’euros pour Jean-Marc Ayrault et 6,07 millions d’Euros pour la déclaration très attendue de Laurent Fabius. Cette « humiliante » obligation de « transparence » que certains de ces messieurs ont alors qualifiée de « voyeurisme » a été mise en place à la hâte par le gouvernement Hollande. Ebranlé par les suites de l’affaire Cahuzac, il espérait tourner cette page douloureuse. Le pari était d’autant plus pertinent que, selon un sondage IFOP du moment, plus de six français sur dix estimaient nécessaire la publication du patrimoine des politiques.
Mais cette « transparence » de circonstance s’est bien gardée d’aller plus loin dans la dénonciation. Le patrimoine, oui (et encore !) mais les modes d’enrichissement, non ; et surtout pas leur part la plus inavouable : c’est-à-dire l’enrichissement par défaut… de paiement d’impôts.
Car sur la question des « allégements fiscaux » des politiques de tout poil, députés, sénateurs et ministres… obscurité totale, silence radio, discrétion garantie ã tous les étages. L’obligation de transparence s’arrête au seuil de la feuille d’impôt qui pourrait révéler de manière bien trop criante les privilèges dont bénéficient les élus. Seuls des « débusqueurs » avertis comme le Canard Enchaîné parviennent à les faire surgir au grand jour.
Infiniment plus riches que les travailleurs, ces hommes qui nous gouvernent sont aussi ceux dont les allégements, les dégrèvements, sont les plus scandaleusement élevés. Ainsi, près du quart de l’indemnité d’un député ou d’un sénateur est non imposable ; ainsi une voiture de fonction, que n’importe quel salarié déclarerait comme avantage en nature, échappe ã cette règle s’il s’agit d’un député. Mais le fin du fin du tour de passe-passe c’est celui qui s’applique aux multi-élus qui, non contents de cumuler les mandats, en tirent un avantage substantiel en matière d’imposition. Les différents mandats dont l’élu est porteur font, en effet, l’objet d’un calcul d’imposition séparé, ce qui entraîne la disparition des tranches les plus élevées qui résulteraient d’une base d’imposition cumulée. CQFD !
Alors NON ! Le grand coup de bluff de la fausse transparence ne masquera pas les privilèges exorbitants de ceux qui nous gouvernent. Alors OUI ! Le dégoût et la révolte vont aller grandissants devant les scandales, les prévarications, les privilèges, qui contrastent de manière si criante avec les mesures concoctées par le gouvernement contre les travailleurs : dégressivité des indemnités de chômage, coup de rabot généralisé sur les allocations familiales, suppression de la demi-part fiscale des veuves/veufs, suppression du dépistage bucco-dentaire des enfants dans les écoles…
Plus encore, la politique d’austérité généralisée imposée aux services publics, éducation nationale, santé, et aux travailleurs des entreprises privées ã travers le pacte de responsabilité, pour l’enrichissement des patrons, de la bourgeoisie, du MEDEF et du personnel politique qui les sert, appelle une mobilisation massive des travailleurs qui veulent en finir avec l’exploitation et la domination du plus grand nombre par quelques rapaces capitalistes.
19/10/2014