70 anniversaire de l’assassinat de Léon Trotski
Manuel Georget: "J’éspere que notre combat pourra aussi inspirer d’autres travailleurs en Europe et dans le monde "
30/09/2010
Je voudrais d’abord remercier mes camarades du PTS pour leur invitation qui m’a permis de connaître de près les luttes de la classe ouvrière en Argentine et participer aux discussions des révolutionnaires de plusieurs pays d’Amérique Latine et d’Europe. Je salue spécialement les travailleurs de Zanon, Stefani et Kraft, mes camarades de classe.
Dans le combat de classe qui nous attend, la crise du capitalisme mondial se montre dans toute sa profondeur et l’épicentre de cette crise c’est l’Europe.
Dans ce sens, la Grèce n’a fait qu’annoncer les attaques que la classe capitaliste veut imposer aux travailleurs dans tous les pays.
Les plans d’austérité ameneront plus de récession et donc plus de licenciements et de fermeture d’entreprises. En France dans la seule année 2009 plus de 250.000 emplois ont été suprimes, un record historique depuis la deuxième guerre mondiale.
Les travailleurs en France se sont battus énormement toutes ces dernieres années, combats heroiques mais qui ont pourtant debouché le plus souvent sur des defaites.
À Philips Dreux, par exemple, face au projet du patronat de licencier 50% des travailleurs en 2008, pour délocaliser une partie de la production vers la Hongrie, nous avons fait 11 semaines de grève, avec plus d’une vigntaine de piquets bloquant l’ensemble de la zone industrielle et une partie de l’economie locale, sans pouvoir pourtant empecher la perte de ces emplois, a la suite d’une trahison honteuse de la burocratie syndicale.
Depuis le debut 2009, des luttes dures du proletariat industriel se sont etendues a tout le pays contre les licenciements et les fermetures d’entreprises. Les travailleurs français ont repris des méthodes radicales hérités de la poussé ouvrière des années 60 et 70, telles que les occupations d’usine et les séquestrations de patrons et dirigeants.
Cependant l’enorme majorité de ces conflits se menait avec le but d’obtenir des meilleures indemnités de départ, ce qui consiste dans l’acceptation de la defaite. Cela a été le cas de combat pourtant héroïques comme celui des travailleurs de Continental, Molex ou New Fabris, où les travailleurs ont fini par perdre leurs emplois.
La question qui se pose est de savoir si toute l’energie de lutte de la classe ouvriere pourra donner lieu ã des victoires.
C’est pourquoi nous pensons que les methodes radicales des travailleurs doivent se donner des objectifs aussi radicaux.
Face aux fermetures d’usine, il ne faut pas se resigner ã négocier les meilleures conditions de départ, mais lutter pour empecher tout licenciement.
Ce programme est le seul qui permet d’unifier les luttes. Mais aussi pour eviter le dispersement de ces luttes, il faut mettre en place une coordination au niveau national, voir international.
C’est pourquoi il faut chercher par tous les moyens d’etablir des liens entre les secteurs combatifs de toutes les boites. Cela independemment des directions syndicales bureaucratiques qui ont deja montré qu’elle ne feront rien pour avancer dans le sens du combat des travailleurs. Pire, font souvent des compromis avec le patronat sur le dos des travailleurs.
Il est imperatif de developper l’autoorganisation des travailleurs en les arrachant à l’influence de ceux qui defendent leurs petits interets de bureaucrates syndicaux.
Les travailleurs doivent s’emparer de leurs destins et montrer comme on a essayé de faire ã une petite échelle ã Philips Dreux, qu’ils peuvent gérer leur travail et leurs vies sans besoin des parasites capitalistes.
En janvier de cette année mes camarades de Philips Dreux et moi avons pris le contrôle de l’usine et de l’organisation de la production pour empecher la fermeture definitive de l’usine et demontrer que la production des televiseurs sur ce site était toujours possible. Au départ cela n’a pas éte facile. Lorsqu’on parlait de contrôle ouvrier il y avait de travailleurs qui nous disaient: “Toi, tu ne me contrôlera pas!”
Avec mes camarades du syndicat CGT dissident, nous leur avons expliqué patiemment, et face à l’intransigeance de patronat, les travailleurs ont fini par décider en assemblée la reprise de la production. Pendant cette période de 15 jours de contrôle ouvrier, nous avions acheminé des composants suffisants pour une production de 5000 appareils.
Avec une telle production nous nous somme apperçus que dans un seul mois, même avec un volume de production faible, nous étions capables de d’assurer pour chaque travailleur un salaire supérieur ã ce que les patrons de Philips nous payait sur une année. La production de autres 11 mois étaient largement suffisantes pour payer les couts fixes de l’entreprise.
Nous n’avons pas eu le temps de vendre cette production, qui començait pourtant ã interesser des gros distributeurs de grandes enseignes qui nous appelaient pour connaître nos prix. Cela a consisté de la première expérience de contrôle ouvrier en France depuis les annés 1970, en montrant une autre voie pour la lutte contre les licenciements.
Voilà pourquoi le contrôle ouvrier de Philips en France a fait peur aux patrons et au gouvernement: en plus de demontrer que les licenciements ne sont pas un horizon indepassable, il porte les germes d’une société nouvelle possible, basée sur la propriété nacionalisé et sur la gestion ouvrière.
Le contrôle ouvrier constituait ainsi un danger nos seulement un danger pour les patrons de Philips mais de toute la classe capitaliste, car il remettait en cause les structures de l’exploitation. En mettant en avant le problème de la nationalisation des entreprises sous contrôle ouvrier, les travailleurs mettent en avant potentiellement le problème du pouvoir et de l’organisation de toute la société.
Ainsi, le patronat de Philips, en accord avec les même bureaucrates qui avaient trahi la lutte de 2008 ont tout fait pour casser cette expérience d’avant-garde, en imposant en lock-out et en deviant la lutte vers les indemnités.
A cette occasion, les patrons de Philips ont eu l’audace d’envoyer une leerte en propasant des postes en Hongrie pour un salaire mensuel de 450 Euros, un tiers de ce que nous touchions, avec la seule condistion de parler l’hongrois courament. Comme vous pouvez bien vous imaginer il n’y avait pas un seul travailleurs dans l’usine qui remplissait cette condition.
Cette provocation a scandalisé la presse nationale et les partis dits de gauche. Seulement personne ne trouvait aussi scandaleux que les travailleurs hongrois soient payés 450 Euros par mois ou que la plupart de la production de notre usine ait deja été délocalisé dans des pays de l’est bien avant.
Cependant, même si notre lutte a abouti a une défaite pour les travailleurs, celle-ci lègue un héritage qui sera peut-être repris par d’autres travailleurs dans l’avenir.
De même que la lutte de Zanon et plus récemment de Stefani que j’ai eu l’occasion de connaitre de prêt il y a quelques jours ont été une inspiration pour les travailleurs de Philips, j’éspere que notre combat pourra aussi inspirer d’autres travailleurs en Europe et dans le monde pour affronter la crise capitaliste.
Dans ce sens, de la même maniere que le rôle de mes camarades du PTS et spécialement de Raoul Godoy a été déterminant pour la victoire ã Zanon, en France aussi nous avons besoin de mettre en place un véritable parti révolutionnaire qui offre une perspective et un programme à l’avant-garde ouvrière, ã différence des différents partis d’extrême gauche qui se sont le plus souvent limiter d’accompagner les luttes pour les indemnités et ont refusé d’offrir aux travailleurs un programme transitionnel pour gagner.
C’est dans cet esprit qu’à ce jour en France nous avançons dans la construction d’une tendance révolutionnaire au sein du nouveau parti anticapitaliste. Une tendance qui luttera pour le programme de la révolution socialiste internationale et qui fera tout pour se fusionner avec les elements les plus conscients de l’avant-garde des travailleurs.
C’est seulement derrièrre cette perspective et le programme et les drapeaux de la quatrième internationale que nous a legué Leon Trotsky, mort par le stalinisme il y a 70 ans qu’on pourra renouer avec les meilleures traditions des travailleurs français, celles de la révolution.