Toujours du côté de la finance …. et du côté du Front de Gauche
Mélenchon fait ami-ami avec Dassault
27/02/2012
Par Romain Lamel
Le ton de la campagne du Front de Gauche est assurément plus radical que celui de la campagne de François Hollande. Cela n’empêche pas Jean-Luc Mélenchon d’entretenir des amitiés contre-nature bien éloignées de ses prétentions initiales.
Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de Gauche, a réagi à la « déclaration de guerre » de François Hollande au « monde de la finance » en déclarant ã juste titre qu’on ne « combat pas le capitalisme de notre époque avec un pistolet ã bouchon ». Les propositions du Front de Gauche sont d’ailleurs bien plus progressistes que celles du candidat socialiste. Cela ne l’empêche pas de nourrir des amitiés contre-nature. Les journalistes, Lilian Alemagna de Libération et Stéphane Alliès de Médiapart, révèlent l’iconoclaste amitié entre le candidat du Front de gauche et Serge Dassault. Ce dernier, l’une des premières fortunes de France, patron, entre autres, de Dassault Aviation et du Figaro, est sénateur UMP (condamné pour corruption en 2009). Son fief est Corbeil-Essonnes dans la terre d’élection que Jean-Luc Mélenchon occupait également jusqu’en 2010.
Qu’est-ce qui peut bien unir l’auteur de Qu’ils s’en aillent tous ! [1] et le richissime capitaliste, 96ème fortune mondiale ? « Un mélange de passion pour l’aéronautique », de « respect pour une famille d’industriels » et « un intérêt pour un voisin » assurent les deux journalistes. Est-ce seulement une relation d’amitié entre collègues sans implication politique ? Le 30 novembre 2004, la question de la compatibilité du mandat de Dassault avec ses fonctions d’industriel bénéficiant de commandes de l’Etat se pose au Sénat. Christian Poncelet, président UMP du Sénat, réunit les 22 membres du bureau, dont Mélenchon, afin de se prononcer sur l’éventualité de saisir le Conseil constitutionnel. La saisine est votée à la quasi-unanimité. Qui s’est abstenu ? Mélenchon ! L’ancien ministre de Lionel Jospin explique les vertus du marchand d’armes : « Dassault est un adversaire politique total mais c’est aussi un grand industriel. Il ne faut pas se laisser aller à la caricature : la boîte Dassault Système a produit le grand logiciel de l’industrie. C’est pas Word le grand logiciel de l’industrie, c’est Catia et c’est un logiciel français ». Effectivement, la différence est énorme. Quand c’est américain, c’est pas bien. Quand c’est « made in France » et que ça remplit le porte-monnaie du patronat bien de chez nous, ça change tout.
Le candidat de notre parti, Philippe Poutou n’a pas passé des décennies ã travailler son art oratoire dans les cénacles parlementaires, mais c’est le seul, avec Nathalie Arthaud, ã ne pas faire partie du microcosme politique où, de fil-en-aiguille, de sociabilités communes en arrangements communs, on finit par oublier (si tant est qu’on l’a jamais eu en tête) le sort de ceux qu’on est censé représenter, les travailleurs.
03/02/12
NOTASADICIONALES
[1] Au sujet du dernier opus de Mélenchon voir R. Lamel et G. Loïc, « ‘Qu’ils s’en aillent tous’. L’impasse réformiste du Front de Gauche », 04/10/11