Manifestation du secteur de la santé le 23 septembre
Une nouvelle étape dans la convergence des hôpitaux en colère !
18/09/2014
On pourrait croire que le « président normal » a touché le fond, et pourtant, sa collègue au ministère de la santé creuse encore ! D’après un sondage effectué parmi les hospitaliers, Marisol Tourraine ne beneficierait en effet que de 6% de popularité dans la profession, tandis que sa politique plafonnerait ã 3% d’opinions favorables... Ces chiffres sont un bon symptôme de la colère qui gronde depuis plusieurs années déjà dans le secteur de la santé. Hier entre 1000 et 2000 travailleurs et travailleuses de 80 hôpitaux différents ont manifesté en face du ministère de la santé.
Coupes budgétaires ã répétition, suppressions de postes, suppressions de RTT, manque de matériels adaptés pour la prise en charge des patients, gel du point d’indice... Les grignotages du service public de la santé n’ont cessé de pleuvoir, notamment depuis la promulgation de loi HPST (dite « loi Bachelot ») en 2009 sous Sarkozy (et que le PS continue d’appliquer). Celle-ci mettait en place cette politique austéritaire, accompagnée d’une réorganisation du travail en vue de sa rentabilité. Comme le parodiait une jeune hospitalière du Rouvraix, déguisée en « manager » pendant ce rassemblement : « Un hôpital de qualité, adaptée aux besoins des patients ? Pff, trop cher ! ’Pan !’ Execution ! »
Car de regroupements d’hôpitaux en partenariats publics privé, en passant par les nombreuses fermetures de services, c’est bien l’ensemble du métier qui a été attaqué par les réformes successives. Au printemps dernier, c’est déjà 10 milliards d’économies supplémentaires qui avaient été annoncées, participant aux 50 milliards d’économies prévues pour faire plaisir aux patrons ã travers le Pacte de Responsabilité.
A la rentrée, 2 milliards se sont rajoutés ã cette somme, en raison de la faible inflation. Une provocation, lorsque l’on sait déjà que de nombreux services peinent ã fonctionner, lorsque le nombre d’infirmières ou d’aides-soignantes a parfois été divisé par deux en quelques années pour un même service, lorsque ce sont les services les moins « rentables » qui risquent encore une fois d’être touchés : les services de psychiatrie, de gérontologie, mais aussi les centres IVG ou bien encore les maternités trop respectueuses des besoins des patientes, comme la Maternité des Lilas, devenus l’un des symboles de la colère hospitalière avec une lutte qui dure depuis plus de quatre ans.
Une coordination qui rappelle les belles époques des mobilisations du secteur de la santé
Alors que le gouvernement cherche toujours, par le biais des directions syndicales, ã contenir la colère par un pseudo-dialogue social, une partie du secteur de la santé a commencé ã relever la tête. L’étincelle aurait pu jaillir de n’importe où, mais elle est finalement née ã Caen, où l’Etablissement Public de Santé Mental (EPSM, hôpial psychiatrique) allait subir un énième plan de « ?redressement financier ? », préparant une restructuration, des suppressions de RTT, etc...
Malgré la répression (entrée de la police dans les locaux de l’hôpital, intimidation des représentants syndicaux...), le personnel de l’EPSM de Caen a poursuivi la lutte, et en a profité pour en appeler ã une réponse unitaire contre ces politiques d’« Hôsterité ». Cette initiative a donné naissance ã de premières AG avant l’été, suivi de la création d’un comité de liaison entre les différents hôpitaux en colère.
Hier 23 septembre, ce comité de liaison appelait ã une action commune, un rassemblement devant le ministère, suivie d’une Assemblée Générale. Plus de 80 hôpitaux étaient représentés aujourd’hui, de Caen ã Villejuif, en passant par Rouvraix ou Blain, et ce malgré la froideur (chez Solidaires) ou l’opposition (chez la CGT) des centrales syndicales.
Cette coordination des hospitaliers ouvre la voie pour dépasser les pseudo-solutions du « dialogue social » et du « Pacte » de Responsabilité. Comme le rappelait « l’appel » de Caen : « …aujourd’hui, l’heure n’est plus seulement à la contestation hôpital par hôpital (…) mais bien de donner une réponse nationale ã unproblèmenational. ».
Avec ce rassemblement, qui regroupait bien peu face aux milliers d’hôspitaliers et d’usagers qui subissent chaque jour la dégradation du système public de la santé, c’est la détermination des secteurs combatifs ã se regrouper qui s’est exprimée, une tâche absolument nécessaire aujourd’hui, avec l’ensemble des métiers de la santé, aides-soignantes, infirmières, médecins, sages-femmes, en alliance avec les usagers qui payent le prix de cette santé au rabais.
En cette rentrée, les hospitaliers suivent la même voie empruntée par les intermittents du spectacle ou les cheminots, d’ailleurs venus intervenir pour participer au rassemblement devant le ministère de la Santé et exprimer leur solidarité. Cette coordination est une première étape réussie qui en appelle d’autre, pour faire plier ce gouvernement déjà bien affaibli, contre l’austérité à l’hôpital, contre la logique de la santé capitaliste, pour un service public de qualité, accessible ã tous, et géré par ceux qui la font au quotidien !
24/9/2014.