Brésil
Une vague nationale de grèves et des mobilisations populaires et de la jeunesse
12/06/2014
Enseignants, éboueurs, employés communaux, universités, travailleurs des banques, ouvriers du bâtiment, chauffeurs de bus, ouvriers de l’automobile, travailleurs du métro... Dans tous les coins du pays les grèves se sont multipliées depuis le début de cette année, souvent de façon spontanée et radicale.
La victoire éclatante des balayeurs de Rio en mars s’est illustrée en sachant utiliser la période de Carnaval pour imposer leurs revendications. En cela, elle a montré la voie : on a compris que le fait de se mobiliser pendant des grands événements, devant les touristes et les caméras du monde entier pouvait jouer dans le rapport de forces et être vraiment efficace, ce qui explique la multiplication de grèves à la veille de la Coupe du Monde.
Ces grèves, qui se combinent avec la poursuite des manifestations de la jeunesse et des mobilisations massives, de mouvement sociaux comme les sans-logis, mettent le gouvernement face ã un choix difficile : S’il ne cède pas au moins une partie des revendications des travailleurs, il risque d’avoir la Coupe du Monde fortement perturbée, notamment lorsqu’il s’agit de grèves dans des services stratégiques comme les transports. S’il cède, il pourrait encourager d’autres ã entreprendre la même voie et approfondir la dynamique de la vague de grèves.
Il choisit donc souvent la voie de la répression, tout en offrant certaines concessions ã quelques mobilisations comme le Mouvement des Travailleurs Sans-Toit (MTST) – qui avaient été des milliers ã manifester la semaine dernière et ã entourer un des stades du Mondial – pour essayer d’éviter la convergence et tenter d’isoler les grèves.
Mais c’est souvent aussi les syndicats bureaucratiques et liés au gouvernement qui sont mis en porte-à-faux, car toute une partie de ces grèves se font à l’insu de la direction de leurs syndicats. En plus du cas des balayeurs de Rio, que nous avons déjà traité dans les pages de l’Anticapitaliste n°235 une grève récente est assez symptomatique de ce type de phénomène : celle des chauffeurs de bus de la ville de São Paulo.
Après un début de mobilisation, le syndicat jaune et mafieux organise une AG ce lundi et fait voter un accord avec le gouvernement. Mardi matin les bus sortent normalement des dépôts et commencent ã circuler. Mais vers midi les chauffeurs commencent ã demander aux passagers de descendre, et emmènent les bus dans des grands carrefours et boulevards, pour ensuite les y abandonner, bloquant les routes. Un chaos dans cette ville déjà chaotique. Lorsqu’un journaliste demande ã un des meneurs du mouvement pourquoi, s’ils voulaient faire grève, ils ne sont pas allés à l’AG du syndicat, celui-ci répond : « Mais vous êtes fou, vous voulez que je me fasse tabasser par les bureaucrates ? ». Et lorsque le journaliste demande pourquoi alors ne pas avoir tout simplement empêché la sortie des bus des dépôts dès le matin le même chauffeur répond : « Mais vous rigolez, maintenant vous voulez que je me fasse tabasser et par les bureaucrates du syndicat et par les gros bras du patron ? Ici dans la rue on est bien, car on est entre camarades »