DÉCLARATION DE LA FRACTION TROTSKYSTE - QUATRIÈME INTERNATIONALE
Elections grecques. Pour une politique indépendante pour que les capitalistes paient leur crise
18/09/2015
Contre l’austérité de Syriza et la fausse alternative de l’Unité Populaire et le KKE. Pour une politique indépendante pour que les capitalistes paient leur crise
1- La capitulation du gouvernement Syriza-Anel, à partir du troisième mémorandum, a été l’aboutissement d’une série de concessions de la part de Tsipras envers la Troika. Le troisième mémorandum signifie un nouveau "pacte colonial", comprenant l’augmentation de taxes à la population, la réforme des retraites, des privatisations, des attaques contre les conventions collectives et de nouvelles coupes budgétaires.
Syriza est devenu le gouvernement qui applique directement les plans néolibéraux les plus durs contre les travailleurs et le peuple de Grèce. Par ces élections, Syriza cherchera à se re-légitimer pour imposer ces mesures contre le peuple. Selon le résultat des élections, ce n’est pas impossible que l’on trouve à la fin un gouvernement de coalition, comme le souhaite la Troika.
2- Cet été, en Grèce, on a eu la confirmation tragique de la faillite de la stratégie du "gouvernement de gauche" et du "néo-réformisme", qui avaient été défendus par bon nombre d’organisations de la gauche et de l’extrême-gauche européenne et internationale depuis 2012. La capitulation de Syriza démontre l’échec d’une politique qui visait à faire pression avec l’objectif de "modérer" les plans d’austérité afin de stimuler la demande, à travers une négociation avec les "partenaires européens" à l’intérieur des institutions de l’Union Européenne.
3- L’Unité Populaire, le parti créé à partir de la scission de la Plateforme de Gauche de Syriza avec d’autres groupes de la gauche grecque, remet en cause le mémorandum et la politique d’austérité, mais partage avec Syriza une stratégie réformiste et parlementaire où le plus important réside dans le fait d’obtenir des positions au sein des institutions capitalistes, en contradiction avec la mobilisation ouvrière et populaire. Leur stratégie de "sortie ordonnée de l’euro" est une alternative souverainiste de gauche qui cherche une "reconstruction de l’économie nationale" à partir du retour à la monnaie nationale. Cela permettrait d’augmenter la liquidité et produirait une dévaluation par rapport à l’euro pour augmenter la compétitivité tout en baissant le pouvoir d’achat des travailleurs, qui a par ailleurs déjà beaucoup diminué ces dernières années de récession et d’austérité. Aucun des deux plans n’est une solution pour les travailleurs : l’austérité ou la dévaluation qui ne remettent pas en cause les profits des capitalistes. D’autre part, l’UP continue d’avoir une stratégie de conciliation qui a déjà conduit à une catastrophe.
En ce qui concerne le KKE, il s’oppose également au troisième mémorandum et se place à la gauche de Syriza. Son refus permanent à développer le front unique bloque la possibilité de reprendre la mobilisation ouvrière contre les plans du gouvernement, une question fondamentale dans la situation.
4- Dans les prochains mois, le nouveau gouvernement devra commencer à appliquer les réformes exigées par la Troika. Après la défaite dans la bataille contre l’UE, la déception et le scepticisme pèsent fortement chez les travailleurs et les secteurs populaires, qui ne croient plus à la possibilité d’une solution rapide à leur situation. Tôt ou tard, la seule issue progressiste ne peut venir que de la reprise des mobilisations ouvrières et populaires, du développement du front unique pour la lutte dans la rue contre les mesures d’austérité. Les travailleurs de Grèce ont fait la démonstration d’une énorme disposition à la lutte et la résistance avec plus de 30 grèves générales et des centaines de grèves partielles dans le secteur public et privé ces dernières années. Cependant, cette énergie a été broyée par la politique des directions syndicales bureaucratiques. Il est nécessaire d’impulser l’organisation par en bas dans les lieux de travail et d’étude, afin de surmonter cet obstacle et ainsi déployer tout la force des travailleurs pour défendre un programme anti-capitaliste pour une solution à la crise.
6- Bien que nous ayons des différences programmatiques et stratégiques avec Antarsya, notamment parce que les camarades ne posent pas clairement la perspective du gouvernement ouvrier et la lutte pour les Etats Unis Socialistes d’Europe contre l’Union Européenne du capital, nous pensons qu’ils est progressiste que la plupart de ses forces aient su résister à l’Unité Populaire et à sa politique de collaboration de classes "anti-euro", depuis une position indépendante des variantes réformistes qui se présente comme une alternative unitaire de l’extrême-gauche qui n’est ni à Syriza, ni à l’UP ni au KKE. C’est pour cette raison que nous appelons voter Antarsya lors de ces élections.
7- Lors des mois précédents, la gauche de Syriza a gagné en présence dans les médias et dans le Parlement, mais a été incapable de déployer les forces sociales et mobiliser largement les travailleurs pour une véritable opposition au troisième mémorandum.
Il est nécessaire de défendre un programme anticapitaliste, qui intègre des mesures comme le refus de tous les mémorandums, le non paiement de la dette, la nationalisation de la banque sous contrôle ouvrier et d’autres mesures d’urgence, qui ne pourraient être imposées qu’à travers la mobilisations ouvrière et populaire et dans le cadre de la lutte pour un gouvernement des travailleurs.
Avec ces objectifs, il est fondamental d’avancer dans la construction d’un parti révolutionnaire de la classe ouvrière, basé dans la lutte des classes, avec une importante implantation dans les principaux lieux de travail et dans la jeunesse combative.
8- L’Union Européenne, après avoir "fait du chantage" et "suffoqué" le peuple de Grèce afin d’imposer le troisième mémorandum, continue à montrer son visage le plus réactionnaire avec la réponse à la soi-disant "crise migratoire", par des mesures xénophobes qui restreignent la liberté de mouvement et renforcent les contrôles sur les réfugiés et les immigrés sans-papiers. La Grèce est l’un des foyers de cette crise migratoire. Face à la montée de la xénophobie et des politiques réactionnaires des gouvernements européens, il est nécessaire de développer une perspective qui unifie la lutte pour les droits des immigrés et pour l’ouverture des frontières avec la lutte de la classe ouvrière dans son ensemble contre les capitalistes.
Contre l’Europe du capital, qui ne peut qu’offrir que misère et tragédies sociales pour les travailleurs et le peuple, nous revendiquons la lutte pour des gouvernements ouvriers, dans la perspective des Etats Unis Socialistes d’Europe.
Nicolás Del Caño, Myriam Bregman et Christian Castillo (Parti des Travailleurs pour le Socialisme - Argentine)
Diana Assunção (Mouvement Révolutionnaire des Travailleurs - Brasil)
Daniela Cobet (Courant Communiste Révolutionnaire – Nouveau Parti Anti-capitaliste - France)
Pour la Fraction Trotskiste - Quatrième Internationale
PTS (Argentine) – MRT (Brésil) – PTR (Chili) – MTS (Mexique) – LOR-CI (Bolivie) – LTS (Venezuela) – JRI (Uruguay) - Clase contra Clase (Etat espagnol) – RIO (Allemagne) – et des militant-e-s au sein du CCR du NPA de France et de Grande Bretagne.