Tension entre Pyongyang et ses voisins
Impérialisme nord-américain hors de la péninsule coréenne !
19/05/2013
Par Juan Chingo
La tension est ã nouveau montée d’un cran ces derniers mois dans la péninsule coréenne. En décembre 2012, la Corée du Nord a lancé le satellite ’Kwamyongsong-3’. A la différence des trois premières tentatives, en 1998, en 2009 et en avril 2012, les autorités nord-coréennes affirment que le dernier essai a été une réussite. D’un point de vue militaire, par-delà la véracité des propos de Pyongyang [1], ce tir pourrait laisser entendre que la Corée du Nord est en capacité de produire des missiles de longue portée. En effet, un pays qui parvient à lancer une fusée capable de mettre des satellites en orbite maîtrise a priori la technologie des missiles intercontinentaux, ou est très proche de la maitriser. Quelques mois après ce lancement, la Corée du Nord a mené un troisième essai nucléaire. Et au moment-même où les Etats-Unis et la Corée du Sud, qui vient d’élire un nouveau président [2], conduisaient leurs manœuvres militaires annuelles conjointes, le Nord s’est lancé dans une série d’invectives contre son voisin du Sud et Washington, déclarant que les exercices militaires poussaient à la guerre, remettant en cause l’armistice de la Guerre de Corée de 1953 et menaçant de lancer une attaque nucléaire préventive contre les Etats-Unis ou Séoul. A cela il faut ajouter la suspension des activités du complexe industriel de Kaesong, au Nord de la frontière, où les quelques 54.000 travailleurs Nord-coréens travaillant pour les 123 entreprises sud-coréennes ont été évacués, de même que les travailleurs du Sud, ce qui pourrait représenter la fin du seul projet de coopération existant entre les deux pays. D’autre part, les autorités nord-coréennes ont conseillé aux étrangers résidants en Corée du Sud de préparer leurs valises en cas de conflit, mesure sans précédents dans les relations diplomatiques récentes entre Séoul et Pyongyang.
Bien que les Etats-Unis semblent assurés du fait que la Corée du Nord ne dispose pas de la technologie suffisante pour entamer une guerre nucléaire contre un quelconque pays de la région, et encore moins contre les Etats-Unis, ce qui est surprenant et nouveau dans la crise actuelle c’est que Pyongyang n’était jamais allé aussi loin dans sa menace d’initier une guerre nucléaire. Cette fois-ci, d’après le spécialiste de la Corée Bruce Cumings, « cette rhétorique a trois objectifs : faire pression sur la présidente Park [de Corée du Sud] pour qu’elle soit obligée de choisir entre continuer sur la ligne dure de son prédécesseur ou renouer avec le dialogue ; vérifier les limites de la ‘patience stratégique’ d’Obama (qui n’a pas de stratégie mais qui sans doute a été très patient puisque le Nord a lancée trois missiles de longue portée et réalisé deux essais nucléaires depuis qu’Obama est arrivé à la Maison Blanche en 2009) ; et réaliser un véritable chantage en direction de la Chine qui, pour la première fois, a voté à l’ONU avec les Etats-Unis des sanctions contre le Nord, avec comme possibilités alternatives soit d’imposer des sanctions, avec le risque que la suite des événements lui échappe, soit de rester dans sa posture habituelle qui consiste ã voter les sanctions tout en fermant les yeux lorsque le Nord enfreint les règles » [3] . Encore une fois on joue avec le feu dans la péninsule Coréenne. Comme le remarque le même analyste, « le secrétaire à la Défense, Leon Panetta, a déclaré [qu’en 2012] avait été ‘tous les jours ã un centimètre de la guerre’ avec le Nord. Aujourd’hui il s’agit plutôt de millimètres ». Et de conclure, « quel terrible bilan que ces sept décennies d’échecs de la politiques nord-américaine à l’égard de Pyongyang ».
Des manœuvres défensives face à la pression impérialiste dans le dernier théâtre de la Guerre Froide
Pyongyang manie un discours qui jongle avec « dureté, faiblesses et une posture complètement imprévisible » [4]. Mais ces manœuvres doivent être analysées dans un contexte plus large, ce que la presse mondiale se garde bien de faire. Les médias qui répercutent un discours formaté par le Pentagone présentent la Corée du Nord de façon parfaitement caricaturale. Ils dépeignent un « Etat voyou » dirigé par un fou tout en taisant, bien entendu, les menaces permanentes que fait peser sur le pays l’impérialisme nord-américain depuis soixante-dix ans.
La réalité, c’est que la « zone démilitarisée » qui sépare les deux Corées est en fait l’une des frontières les plus militarisées de la planète. Techniquement, les deux parties sont toujours en état de guerre car depuis la fin du conflit en 1953 aucun traité de paix n’a été signé. Parallèlement, Washington maintient un embargo économique sur le Nord depuis les années 1950. Et c’est face aux menaces constantes vis-à-vis de sa sécurité et dans le cadre du contexte hostile ouvert après l’effondrement du bloc soviétique que le développement du programme nucléaire nord-coréen a permis ã Pyongyang de maintenir une certaine indépendance et de négocier dans de meilleures conditions avec les puissances qui l’entourent, notamment avec les Etats-Unis.
A plusieurs reprises la Corée du Nord a proposé d’abandonner son programme nucléaire en échange de garanties pour sa sécurité de la part des Etats-Unis et de mesures concrètes pour mettre un terme à l’embargo nord-américain. La présidence de Clinton avait été caractérisée par une certaine détente dans les relations entre les deux pays et des avancées diplomatiques avaient été enregistrées pour la première fois depuis la fin de la guerre [5]. Mais sous les administrations successives, des obstacles ont été placés pour bloquer toute avancée dans les négociations avec le régime de Pyongyang.
A plus de vingt ans de la chute du Mur de Berlin les Etats-Unis maintiennent la péninsule coréenne dans le cadre de la Guerre Froide. Cette attitude belliqueuse est fonctionnelle ã Washington pour une série de raisons géopolitiques. Premièrement, pour empêcher la réunification coréenne qui pourrait donner naissance ã une puissance capitaliste dans l’Est asiatique (unissant les avantages technologiques du Sud à la main d’œuvre bon marché et disciplinée du Nord), une inquiétude partagée par le Japon. Deuxièmement, pour empêcher le développement d’une politique militaire indépendante de son allié japonais, puissance économique, qui, appuyée sur ses capacités industrielles, pourrait devenir un concurrent militaire pour les Etats-Unis. Enfin, et avec une importance croissante ces dernières années, l’enjeu est aussi de maintenir un outil de pression sur la Chine et sur les ambitions de la bureaucratie de Pékin s’affirmer comme la nouvelle puissance en Asie.
En effet, dans le contexte d’une lutte au niveau international pour exercer une influence sur le développement capitaliste de la Chine, la question de la présence militaire et des alliances militaires dans la région joue un rôle fondamental. Les frictions diplomatiques et militaires se multiplient dans cette partie du monde, parallèlement à l’émergence de nouveaux leaderships. Au Japon tout d’abord, où le nouveau premier ministre, Shinzo Abe, défend l’idée d’une politique extérieure plus dure par rapport à la Chine et à la Corée du Nord [6]. De même, le nouveau gouvernement sud-coréen est lui aussi plus ouvertement nationaliste. Ces changements gouvernementaux dans le cadre du « tournant stratégique » d’Obama vers la région Asie-Pacifique, avec pour objectif d’encercler et de contenir la Chine tout en essayant de ramener l’Inde dans son giron afin de briser le bloc des BRICs, ne peuvent qu’accroître les tensions. Cela s’illustre bien ã travers la dure bataille que se livrent les Etats-Unis, le Japon et la Chine pour le contrôle de la Mer de Chine et de ses différents espaces maritimes. Le différent qui oppose Chine et Japon, qui revendiquent tous deux la souveraineté sur les îles Diaoyu/Senkaku, est sans aucun doute le conflit le plus sérieux de tous, comme l’atteste l’escalade des tensions entre les deux pays l’an passé [7].
Comme le souligne Bruce Cumings, dans cette situation d’aggravation des tensions diplomatiques et militaires et d’exacerbation des nationalismes, « les Nord-coréens sont l’alibi parfait pour créer un écran de fumée devant la politique des Etats-Unis visant ã contenir la Chine et ã maintenir un budget militaire élevé ».
La Chine prise en étau entre les manœuvres nord-coréennes et l’encerclement impérialiste
La Corée du Nord est un allié historique de la Chine. Elle représente non seulement un régime « ami » avec lequel Pékin partage une longue frontière mais également une « zone tampon » [« buffer zone »] face à la Corée du Sud où sont stationnés près de 21.000 soldats et marines nord-américains. Pour la Chine, le régime stalinien nord-coréen constitue un contrepoids face à la domination militaire des Etats-Unis et aussi un rempart contre le Japon qui a occupé la péninsule coréenne entre 1910 et la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Mais les relations entre Pékin et Pyongyang se sont dégradées d’autant plus qu’aujourd’hui la Chine travaille avec les Etats-Unis pour contenir Kim Jong Un, le nouveau dirigeant nord-coréen. Ce positionnement inédit, de la part de la Chine, reflète la crainte de la bureaucratie restaurationniste de Pékin face au risque que le programme nucléaire et les manœuvres de son vieil allié poussent le Japon et la Corée du Sud ã se réarmer et justifient le renforcement de la Septième Flotte nord-américaine dans le Pacifique.
C’est cette situation qui complique aujourd’hui les relations entre la Chine et la Corée du Nord. En effet, la Corée du Nord est aujourd’hui plus dépendante de la Chine qu’auparavant mais, dans le même temps, la Chine est prise en otage par sa relation avec la Corée du Nord. Dans le passé, Pékin a utilisé les différentes crises nord-coréennes ã son avantage, se proposant comme médiateur dans les discussions en échange de concessions politiques des Etats-Unis ou de la Corée du Sud. De cette façon, la Chine jouait un jeu dans lequel elle réaffirmait sa relation spéciale avec la Corée du Nord tout en se dédouanant vis-à-vis des agissements du régime de Pyongyang. Pour les dirigeants chinois ce positionnement a été un moyen très utile pour gérer les relations régionales et contenir les pressions nord-américaines sur d’autres dossiers, comme par exemple la question du niveau du yuan par rapport au dollar.
Alors que la Corée du Nord continue ã parier sur l’orientation qu’elle a appliquée avec un certain succès depuis 1990 on ne peut exclure que cette logique commence ã s’émousser et que la stratégie de la tension consistant ã élever constamment le niveau des menaces finisse par n’impressionner plus personne. Pour la Chine aussi cette politique pourrait perdre de son efficacité. Les Etats-Unis exercent une pression diplomatique de plus en plus forte sur la Chine pour que celle-ci contrôle Pyongyang ou que, le cas échéant, Pékin se dessaisisse du dossier nord-coréen, Washington laissant entendre qu’il pourrait faire de l’Inde ou de la Mongolie des interlocuteurs privilégiés par rapport ã cette question. Lors de la dernière visite ã Pékin de John Kerry, secrétaire d’Etat américain, ses interlocuteurs chinois n’ont eu que très peu de choses à lui soumettre par rapport aux demandes de la Maison Blanche. Tout ceci ne pourrait être qu’une tactique de Pékin pour négocier, mais le fait que le rapport entre la Chine et la Corée du Nord soit aussi tendu est une nouveauté.
La menace principale : la présence nucléaire et conventionnelle de l’Armée nord-américaine
Dans le cadre de ce jeu de pressions et de menaces, il y a un élément que l’on ne peut pas perdre de vue : malgré les provocations réitérées de la Corée du Nord, l’attitude de Pyongyang n’est qu’une réponse défensive face à la politique agressive des Etats-Unis qui n’a pas varié sur le fond depuis plusieurs décennies. C’est en effet bien Washington qui est responsable de la division des deux Corées ã hauteur du 38° parallèle, suivant des lignes de partage idéologiques et politiques héritées de la Guerre Froide en dépit du fait que le conflit bipolaire soit fini sur le reste de la planète. Ce sont également les Etats-Unis qui ont été les premiers ã nucléariser la péninsule, bien avant le premier essai nord-coréen en 2006. Contrairement ã ce que l’historiographie officielle laisse ã penser lorsqu’elle voit dans la crise des missilesde Cuba le moment de plus grande tension de l’Après-guerre, c’est en avril 1951 que les Etats-Unis ont été le plus proche d’utiliser des armes atomiques, lorsque la Chine, déjouant les attentes des stratèges nord-américains, prenait partie pour le Nord pendant la guerre de Corée.
Il ne faut pas non plus oublier plus qu’après la fin de cet effroyable conflit, le Nord de la péninsule avait été dévasté par trois ans de bombardements qui n’avaient pas laissé un seul bâtiment moderne debout. Plus tard, c’est le président Eisenhower qui a acheminé tout un arsenal nucléaire au Sud au début de l’année 1958, malgré un armistice qui interdisait l’introduction d’armements nouveaux. Les armes introduites incluaient toute une panoplie d’artillerie et de missiles, les avions F-4 américains armés de bombes ã tête nucléaire étant en état d’alerte permanent. Toutes ces provocations étaient le fait de la seule puissance qui a utilisé l’arme atomique à la fin de la Seconde Guerre mondiale ã Hiroshima et Nagasaki. Pour ce qui est du complexe nucléaire de Yongbyon et du programme nucléaire nord-coréen, les Américains ne s’y sont réellement inétressés qu’après la première Guerre du Golfe, en 1991, quand les stratèges du Pentagone ont eu besoin de créer un « nouvel Irak ». L’ennemi nord-coréen a alors immédiatement été désigné comme un nouveau type de menace, la rhétorique propre à la Guerre Froide et la diabolisation du régime restant inchangées. Plus récemment, les manœuvres militaires annuelles conjointes entre les Etats-Unis et la Corée du Sud ont provoqué la réaction de la Corée du Nord car pour la première fois les Etats-Unis ont fait voler des avions « invisibles » depuis le Japon jusqu’à la base aérienne d’Osan en Corée du Sud, provoquant la réaction du régime nord-coréen.
C’est donc bien Washington qui représente le plus grand facteur de déstabilisation de la paix régionale, instrumentalisant les tensions ã des fins géopolitiques, notamment contre la Chine. Dans ce cadre, les marxistes révolutionnaires qui combattent pour la révolution socialiste internationale et pour en finir avec l’impérialisme, source de toutes les guerres et de l’accumulation suicidaire d’armement nucléaire, luttent pour le droit de la Corée du Nord au développement nucléaire comme élément dissuasif face à la politique agressive de Washington. Parallèlement, nous proclamons que la seule solution qui permettrait d’assurer la paix dans la région serait que la classe ouvrière coréenne, des deux côtés de la frontière, unifie ses efforts pour chasser l’impérialisme nord-américain. C’est uniquement ainsi qu’il serait possible d’envisager une réunification progressiste de la Corée, ã travers le combat indépendant de la classe ouvrière coréenne, aussi bien au Nord qu’au Sud. Toute autre issue, forçant la situation actuelle, ne peut que contribuer ã creuser le sillon de la guerre.
01/05/13
Qu’est-ce que la Corée du Nord ?
Dirigée à l’origine par Kim Il-sung qui avait conduit la guerre de résistance en Mandchourie contre l’occupation japonaise, La Corée du Nord est née à la suite de l’occupation partielle de la péninsule coréenne par l’Armée Rouge à la fin de la Seconde Guerre mondiale et la sécession du Sud, en 1948. La Corée du Nord a été d’entrée de jeu un Etat ouvrier déformé qui durant les premières années de son existence a embrassé la structure industrielle et de domination politique de son voisin stalinien. Plus tard, dans sa tentative de trouver une position intermédiaire entre l’URSS et la République Populaire de Chine, Pyongyang a commencé ã développer une idéologie autonome en raison, d’abord, de l’éloignement vis-à-vis de Moscou en 1955, puis de façon plus ouverte au milieu des années 1960. L’idéologie « Juche » (« autosuffisance », en coréen) est l’un des exemples les plus aberrant et extrêmes de la théorie de la « construction du socialisme dans un seul pays » [8]. La « pensée Juche » mêlait et même encore, nationalisme coréen et culte de la personnalité du « Grand leader ». Après sa mort en 1994, c’est son fils Kim Jong-Il qui lui succède à la tête du parti unique, le PTC, et comme président de la Commission Nationale de Défense. C’est enfin le fils de Kim Jong-il, Kim Jong-un, qui a pris la suite, en 2012, révélant le caractère dynastique du régime combinant des formes traditionnelles de légitimité et des structures d’Etat totalement bureaucratiques. Socialement, il y a un fossé énorme qui sépare les conditions de vie des privilégiés et de l’élite au pouvoir et celles, extrêmement dures, des masses.
Depuis 1990 avec la disparition de l’URSS et la fin de la protection de Moscou, avec l’instauration d’un virage ouvertement restaurationniste de la bureaucratie de Pékin et avec l’épuisement de la dynamique extensive de l’industrie nord-coréenne, le régime de Pyongyang a eu recours ã des manœuvres politico-militaires mais a également cherché différentes voies pour trouver une nouvelle localisation dans un monde où les alliés venaient ã manquer et qui lui était de plus en plus hostile. Ainsi, bien que le pays conserve encore une économie centralisée, pendant le gouvernement sud-coréen de Kim Dae-jung entre 1998 et 2003[Kim Dae-jung avait été à l’initiative de la « Sunshine Policy », visant ã améliorer les relations entre les deux Corées, autorisant les visites touristiques des citoyens du Sud. Cette politique d’ouverture a abouti à la première rencontre, en 2000, entre des chefs de gouvernements des deux pays.]], quelques zones spéciales, ouvertes aux investissements, ont été ouvertes. Le complexe industriel de Kaesong est l’un des derniers vestiges de cette période. Parallèlement, le besoin en capitaux et en investissement de l’économie nord-coréenne et son ouverture partielle ont créé d’énormes opportunités pour les entreprises chinoises. Cependant, ces tendances à la transformation de la classe dirigeante nord-coréenne en une bureaucratie à la chinoise ou encore l’hypothèse d’une réunification à l’allemande n’ont pu se développer jusqu’au bout principalement du fait de considérations géopolitiques. Dernièrement cependant, les autorités nord-coréennes ont déclaré vouloir suivre l’exemple singapourien, ã savoir un pays combinant un fort développement capitaliste ã un modèle politico-bureaucratique fondé sur la discipline et l’ordre, indiquant bien le caractère répressif du régime nord-coréen qui cherche ã se perpétuer par-delà la crise de la base sociale qui en est à l’origine.
[1] Une semaine après le lancement du satellite des scientifiques nord-américains ont déclaré qu’ils ne parvenaient pas ã capter le signal du satellite, laissant entrevoir que la mise sur orbite avait été un échec.
[2] Park Geun-hye est la fille du dictateur Park Chung-hee qui a dirigé d’une main de fer le pays, le menant sur le chemin d’une incroyable croissance économique dans le cadre d’une dure répression contre le mouvement ouvrier et populaire.
[3] Bruce Cumings, « Korean War Games », The Nation, 03/04/13.
[4] Pour George Friedman, fondateur et président de l’agence nord-américaine Stratfor, « le principal objectif de la Corée du Nord c’est de sauver le régime. En faisant montre de férocité et qu’elle est proche de maîtriser la technologie nucléaire, Pyongyang force d’autres pays à la prudence. Sa faiblesse, c’est d’être complètement isolée du reste du monde en général et de la Chine en particulier. Ceux qui croient la faiblesse de la Corée du Nord sont donc moins tentés d’adopter des mesures de rétorsion drastiques puisqu’ils sont persuadés que les jours du régime sont comptés. Pour ce qui est de la soi-disant folie du régime nord-coréen, comme l’indiquerait la menace d’attaquer les Etats-Unis par exemple, cela montre que la Corée du Nord est parfaitement imprévisible, obligeant encore une fois les autres pays à la prudence. Ces trois éléments travaillent ensemble pour mettre des limites aux actions des autres nations ». « Considering a Departure in North Korea’s Strategy », Stratfor 12/03/13.
[5] Les Etats-Unis avaient alors entamé des discussions bilatérales en échange d’importantes concessions nord-coréennes comme l’accord d’intégrer l’ONU en 1991, alors que plusieurs résolutions onusiennes pointaient les responsabilités de Pyongyang dans le début du conflit en 1950. La Corée du Nord avait aussi permis à l’Agence pour l’Energie Atomique de l’ONU (AIEA) de réaliser des inspections régulières sur ses installations nucléaires, chose impensable pendant la période de la Guerre Froide.
[6] Au cours de son mandat précédent, entre 2006 et 2007, Shinzo Abe avait incarné une ligne dure par rapport ã ses voisins, allant même jusqu’à provoquer ouvertement son allié sud-coréen en niant les crimes de l’armée nippone vis-à-vis des populations coréennes entre le début de l’occupation impériale jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
[7] On peut également penser ã d’autres théâtres d’affrontement, comme la question des îles Spratly, dossier sur lequel s’opposent la Chine, les Philippines et le Vietnam, à la question des îles Dokdo/Takeshima, deux archipels qui sont au centre d’une dispute entre le Japon et la Corée du Sud depuis le début du XXe siècle ou encore aux dissensions entre Russie et Japon sur le dossier des îles Kouriles.
[8] Cette conception complètement opposée à l’internationalisme prolétarien se base sur l’adaptation monstrueuse de la bureaucratie ã un contexte hostile, à la présence d’alliés puissants ã ses frontières comme l’ex URSS et la Chine, au poids de l’héritage du passé colonial japonais, à l’agressivité militariste nord-américaine et sud-coréenne durant la Guerre Froide et au retard économique général du pays, le tout teinté de références néo-confucéennes.