De la lutte contre la répression au nécessaire assaut du ciel
Plus d’une centaine de personnes réunies pour la conférence « Leur démocratie et la nôtre »
24/05/2015
Dans l’arrière salle de la librairie ce jeudi soir, plus d’une centaine de personnes sont présentes, jeunes et moins jeunes, avec la présence notable de certains secteurs ayant été au cœur des luttes de ces derniers mois, lycéen-ne-s, postiers, ex-grévistes de Paris 8, femmes de chambre grévistes de Hyatt, alors qu’une quarantaine de camarades sont connectés en province. Comme pour incarner la seconde partie du titre de la conférence, plus généralement, la présence dans la salle reflète l’écho que l’on a pu ressentir pendant les semaines de diffusion de l’événement : « Leur démocratie », « la nôtre », nul besoin de faire un dessin pour expliquer la signification de ces deux mots quand, jour après jour, la classe dominante nous apporte les preuves que sa « démocratie » prétendument universelle n’est en réalité que celle qu’elle a mis en place pour défendre ses intérêts. Trois jours plus tôt, elle nous en avait donné un paradigme éclatant, de ces exemples qui mettent ã nu son hypocrisie et son cynisme, avec la relaxe des policiers responsables de la mort de Zyed et Bouna. C’est cet exemple qui introduisait la conférence, dont l’intégralité sera bientôt disponible sur internet.
Depuis bien des années pourtant, il avait semblé que le discours dominant avait réussi ã hégémoniser l’univers des possibles, en imposant une unique alternative : démocratie bourgeoise ou totalitarisme. Mais face ã cette Histoire des vainqueurs, les événements récents de la lutte des classes sont venus apporter leur démenti, des Indignés de l’Etat espagnol aux occupations de place, des printemps arabes aux récupérations d’usines, sur un fond d’approfondissement de la crise de la démocratie représentative, qui voit ã chaque échéance électorale se creuser davantage le fossé entre nos soi-disant représentants, de plus en plus au dessus des lois, et la grande majorité de notre classe qui ne se déplace même plus pour accomplir son « devoir » électoral.
Pour répondre ã ces colères, il devient de plus en plus évident que le « tous pourris » ne suffira pas, pas plus que la réponse formelle d’un passage ã une VIe République, « plus humaine ». Face ã ce système et ã sa caste, face à la répression qu’elle s’applique méthodiquement ã accentuer sous prétexte de menace terroriste, c’est une réponse de classe qu’il nous faudra apporter. Et notre histoire ã nous, celle qu’ils gomment de leurs manuels scolaires, nous en apporte les pistes. La Commune de Paris portait déjà , en effet, il y a plus d’un siècle, des revendications des plus actuelles : des élus responsables et révocables, rémunérés comme n’importe quel travailleur, des juges élus, eux aussi révocables ã tout moment, et la nécessité d’un armement de la population pour se défendre. Après les communards, les révolutionnaires de Russie avançaient vers le dépassement du suffrage universel, vers la démocratie des soviets, c’est-à-dire des usines et des quartiers, de ceux qui font la société au quotidien, et non de ceux qui n’ont de cesse de nous surveiller.
Dès aujourd’hui, le tournant répressif du gouvernement nous impose une politique de résistance face aux attaques, face aux condamnations de nos camarades, face à la politique sécuritaire et liberticide de l’Etat. Cette résistance doit devenir une de nos tâches, pour imposer notre jurisprudence face à leur justice de classe, une jurisprudence de réponse collective et de rassemblements unitaires, pour défendre le droit à la lutte de tou-te-s les révolté-e-s de ce système et, ainsi, poser les bases d’une réponse plus large contre l’offensive du patronat. Par-delà cette résistance nécessaire, cette politique doit être l’outil pour redonner à la classe ouvrière sa place dans le renversement de ce système, en prenant en charge les revendications démocratiques de l’ensemble des opprimé-e-s.
En ouvrant cette discussion jeudi soir, la conférence ouvrait alors un autre univers des possibles, où nos voix ne seraient plus écrasées sous le poids de leurs institutions pourrissantes, avant que nous puissions définitivement les abattre pour instaurer « l’association des producteurs libres » dont parlait Marx il y a plus de cent ans.
22/05/15