Premier bilan des manifestations du 11 juillet
Grève nationale et mobilisations au Chili
16/07/2013
Par Rédaction
Jeudi 11 juillet, la Grève Nationale appelée au Chili par la Centrale Unique des Travailleurs (CUT) a été le cadre de la mobilisation ouvrière la plus importante depuis la fin de la dictature de Pinochet. En dépit du flicage patronal qui est de mise dans la plupart des entreprises, la journée du 11 a vu des centaines de milliers de travailleurs se mobiliser massivement dans tout le pays.
La grève du 11 montre que les tendances à l’intensification de la conflictualité de classe se poursuit, et ce en dépit du climat de préparation aux prochaines élections présidentielles qu’essayent d’instaurer les partis politiques du régime, en premier lieu le PS de Michèle Bachelet, ancienne présidente, candidate à la succession de Sebastián Piñera (droite), et donnée favorite.
La CUT, contrôlée par le PC chilien, a tout fait, au cours des derniers jours, pour faire baisser la pression de façon ã maintenir un contrôle étroit sur les mobilisations. Par tous les moyens, la centrale syndicale majoritaire a essayé d’éviter que la grève n’englobe le secteur privé et aucun « Comité Ouvert » (« Comité Abierto ») de préparation de la grève n’a été convoqué, ce qui aurait permis d’organiser la mobilisation par en bas, sur les lieux de travail et les entreprises.
Malgré tout, la grève a été un succès. Elle montre bien les tendances à l’émergence de nouveaux phénomènes avancés au sein du monde du travail, dans un pays qui est secoué depuis plus de deux ans par d’imposantes mobilisations étudiantes qui réclament , notamment, la fin de la mainmise du privé sur l’Education et remettent en cause la continuité entre la fin de la dictature et le régime actuel.
Le matin du 11 la capitale, Santiago, s’est réveillée avec une vingtaine de barricades dressées dans différents points de la ville et la mobilisation des travailleurs du secteur aérien de la compagnie nationale, LAN. Dans le Nord du pays, ã Calama, des barricades ont été érigées sur les voies d’accès aux principales mines chiliennes (qui sont parmi les principales mines de cuivre ã ciel ouvert du monde) comme Chuquicamata ou Ministro Hales. Toujours dans la province d’Atacama, les travailleurs ont bloqué les voies d’accès à la mine d’El Salvador.
Les autres provinces du pays n’ont pas été en reste non plus, que ce soit ã Iquique, dans l’extrême Nord, ou dans la zone centrale, Valparaíso ou Bío Bío. Plus au Sud, l’île de Chiloé s’est retrouvée isolée, le pont de Pudeto, sur la commune d’Ancud, étant bloqué par les manifestants. A Valdivia, les travailleurs de l’université (UACh) ont bloqué l’accès au campus et ont construit des barricades ã trois endroits dans la ville.
Par la suite, au cours de la journée, les manifestants sont descendus dans les rues. La manifestation plus imposante a été celle de Santiago avec 100.000 personnes parmi lesquelles on pouvait retrouver des militants syndicaux de la CUT, mais également du secteur de la Santé, des travailleurs du cuivre, du syndicat enseignant (Colegio de Profesores), des transports (Subus), de la grande distribution (Walmart), de l’industrie automobile (Confederación de Trabajadores Automotriz, maquinarias y repuestos), du rail (Federación n° 1 de los trabajadores ferroviarios) mais aussi des employées domestiques (Sindicato Nacional de Trabajadoras de Casas particulares) et des étudiants, très mobilisés.
D’autres manifestations importantes ont été organisées dans les villes portuaires de Valparaíso (15.000 personnes) et de Concepción (10.000), ainsi qu’à Valdivia (8.000) et ã Temuco, dans le Sud (13.000).
Nos camarades du Parti des Travailleurs Révolutionnaires (PTR) du Chili ont activement pris part à l’organisation de cette journée de grève et de mobilisations, en posant la perspective d’une orientation indépendante pour le monde du travail qui soit en mesure de proposer une alternative face à la situation insupportable que la dictature a laissée en héritage : l’Education et la Santé aux mains du secteur privé, des salaires et des retraites qui ne permettent pas de vivre dignement, des pratiques antisyndicales qui sont monnaie courante dans les entreprises, de même qu’un Code du Travail taillé sur mesure par les hommes de Pinochet, empêchant notamment les dirigeants ouvriers et les militants syndicaux ã se porter candidats sur les listes électorales.
Pour plus d’informations et une couverture plus approfondie de cette importante journée de mobilisation, www.ptr.cl
11/07/13