Motion sur notre orientation politique pendant la guerre de l’OTAN contre la Libye
17/10/2011
Considérant :
1) Que les résultats de la guerre en Libye montrent clairement aujourd’hui que les principaux gagnants du conflit militaire ne sont pas les masses libyennes et encore moins les processus révolutionnaires arabes qui sont encore ouverts mais bien les puissances impérialistes et notamment la France et le gouvernement Sarkozy,
2) Que cette victoire ainsi que la politique extérieure française sont les seuls éléments qui renforcent Sarkozy sur le plan intérieur et qu’il essaie d’utiliser « l’élan de Benghazi » afin de se profiler comme médiateur sur le dossier palestinien, tirant profit de l’affaiblissement des Etats-Unis et de l’isolement israélien à la suite des processus en cours dans le monde arabe et plus particulièrement de l’assaut donné début septembre contre l’ambassade israélienne au Caire,
3) Et que cette victoire qui n’a pas été trop onéreuse pour la France a été rendue possible notamment par l’union sacrée impérialiste qui s’est constituée autour du gouvernement et de l’armée française et à laquelle a participé toute la gauche, du PS jusqu’à Mélenchon qui ont appuyé ouvertement l’intervention.
En tenant compte du fait qu’une des tâches centrales des anticapitalistes et des révolutionnaires dans les pays impérialistes est de combattre « leur » propre impérialisme, notamment lorsqu’il opprime et cherche ã (re)coloniser d’autres peuples...
Le CPN estime qu’il est indispensable de tirer un bilan des réponses et de l’orientation du parti par rapport ã cet événement central de la situation internationale et de la lutte de classes au cours de la dernière période.
• Il considère que la signature de « l’appel européen » qui proposait une « intervention humanitaire » (sic.) en Libye était une erreur politique grave, entretenant la confusion sur le rôle des pays impérialistes et laissant croire indirectement qu’il y aurait pu avoir une « bonne » intervention, solidaire des Libyens qui luttaient contre Kadhafi comme des travailleurs immigrés, alors que le Conseil National de Transition commençait déjà ã orchestrer les pogroms contre les ouvriers africains.
• Il considère que le parti a été très en deçà de ce que la situation exigeait et regrette que le NPA n’ait pas pris l’initiative d’organiser une campagne conséquente et des actions, meetings etc. contre l’intervention impérialiste en Libye. La France, quoiqu’à l’initiative de l’agression, est un des seuls pays européens dans lequel il n’y a eu aucun rassemblement conséquent visant ã exprimer la solidarité des travailleurs et de la jeunesse avec nos frères et sœurs de classe arabes qui luttent contre les dictatures ainsi que notre plus ferme opposition ã toute ingérence impérialiste qui est synonyme d’une plus grande subordination semi-coloniale de la région, quoiqu’en disent les médias bourgeois.
• Il rectifie le communiqué du 21 août, publié après la chute de Kadhafi qui disait que « la chute du dictateur Kadhafi est une bonne nouvelle pour les peuples […] C’est une nouvelle vie qui s’ouvre pour le peuple libyen. La liberté, les droits démocratiques, l’utilisation des richesses dues aux ressources naturelles pour la satisfaction des besoins fondamentaux du peuple sont maintenant à l’ordre du jour. » La chute de Kadhafi telle qu’elle a eu lieu est surtout une victoire pour l’impérialisme (la première d’une telle importance depuis de nombreuses années) qui cherche aujourd’hui ã recoloniser le pays pour l’utiliser comme fer de lance de la contre-révolution dans la région. L’OTAN vient d’annoncer qu’elle compte poursuivre ses bombardements aériens pendant trois mois encore. Les gouvernements impérialistes pressent le CNT de se constituer en gouvernement stable ã même de garantir les bonnes affaires de leurs multinationales dans le cadre d’un nouveau protectorat libyen.
Ces trois éléments montrent que nous ne sommes pas face ã une erreur de circonstance dans l’analyse du conflit par le NPA mais bien face ã un grave problème politique qui doit être corrigé de toute urgence. Cela n’est pas seulement fondamental pour la France mais également pour permettre ã notre parti d’être lisible de l’autre côté de la Méditerranée. Ne pas tirer un bilan sérieux de tout ceci, loin de permettre de dépasser la crise que nous traversons, nous y plongerait plus encore. Ce bilan doit être la base d’une réorientation radicale du parti sur la question de l’internationalisme afin de mettre au centre de nos combats la lutte contre l’impérialisme français et contre toute idée laissant croire qu’il est possible d’obtenir la « liberté » ou des « droits démocratiques » en s’alliant avec lui ou en étant appuyé par ce dernier.
Le parti doit porter haut et fort, comme un des axes centraux de son orientation, le combat contre la politique de recolonisation de la Libye et contre toutes les tentatives de stopper net les processus révolutionnaires arabes, en avançant les mots d’ordre suivants :
• Vive la lutte des travailleurs et des jeunes arabes contre les dictatures et leurs tuteurs impérialistes !
• A bas l’ingérence étrangère contre le printemps arabe ! A bas le protectorat de l’OTAN sur la Lybie !
• Pour la victoire de la révolution prolétarienne dans tous les pays de la région comme seule alternative afin de conquérir de façon intégrale et effective les droits démocratiques et sociaux pour lesquels les masses arabes se sont mobilisés et continuent ã se mobiliser !
Vincent (68) et Daniela (93) [23/09/11]